Le Conservatoire National des Arts et Métiers

Soumis par pierre-yves le mar, 06/04/2010 - 13:37

Au 7è siècle, en pleine campagne, le site accueille un monastère mérovingien, de l'ordre de Saint-Benoît. Il est dédié à Saint Martin, patron des Gaules. On y édifie une basilique et un prieuré. En 1994, on a retrouvé, sous la chapelle des tombes de cette époque.arts et métiers

Au 9è siècle, les Normands saccagent le monastère.

En 1059, Henri I, petit-fils d’Hugues Capet reconstruit le monastère, qu'il rattache à l'abbaye de Cluny. Jusqu'à 300 moines s'y recueillent. Ils entretiennent des jardins tout alentour. En 1270, Pierre de Montreuil, l'architecte de la Sainte-Chapelle, édifie la nef et le réfectoire (devenu, depuis, la bibliothèque). Au 17è siècle, François Mansart adjoint, dans l'église, un retable. Et la façade est refaite en 1780.

Pendant ce temps, le quartier s'est peuplé et construit. C'est devenu un bourg, qu'on appelle "Beau-Bourg".

La Révolution est fatale au monastère : les moines sont expulsés en 1791.

L'abbé jureur, Grégoire, député de la Convention (qui s'est illustré en prenant la défense des opprimés de couleur), milite pour la création d'un Conservatoire National des Arts et Métiers. L'idée est "d'offrir un enseignement à tous et d'éclairer l'ignorance". Le principe consiste à faire déposer les inventions et les machines inventées, et d'accueillir les inventeurs pour qu'ils exposent aux artisans, ouvriers et contremaîtres leurs idées. Pour cela, on devra créer un "conservatoire" (embryon de musée). Les cours ont lieu en dehors des horaires de travail (le soir). Ils s'adressent bien à des actifs (principe de la formation continue). Il ne s'agit pas d'un enseignement de type scolaire. Le conservatoire récupère les anciennes collections "de curiosités", et notamment celles constituées par Vaucanson, en son hôtel de Mortagne, rue de Charonne, au 18è siècle (il l'avait léguée au roi Louis XVI).

Mais il faut trouver un site pour le nouveau conservatoire. En 1796, l'ancien monastère de Saint-Martin sert de manufacture d'armes (on a d'autres soucis que l'enseignement !). C'est seulement en 1800 que le conservatoire peut occuper le monastère. On compte 3 600 objets et instruments dans la collection, en 1818. On y trouve notamment les instruments de mesure indispensables à la qualité des transactions industrielles et commerciales (ex : le mètre étalon). Une bibliothèque et un laboratoire permanent se développent progressivement. On réalise par exemple les recherches sur le blanchiment du sucre avec le "noir animal" (les cendres d'os d'animaux) et sur la régénération de ce produit (on le repasse dans des fours où il perd sa viscosité et retrouve ses propriétés, jusqu'à 25 fois). L'extraction du sucre de betterave est également mise au point. On étudie les gaz d'éclairage urbain (l'hydrogène, le méthane ou "gaz des marais, l'acide éthylène (1)).

En 1819, on institue la Haute Ecole d'application du Commerce et de l'Industrie. De nouvelles chaires sont créées : Mécanique, Chimie, Economie (Jean-Baptiste Say).

Il faut agrandir le bâtiment : de 1845 à 1896, les architectes Ancelet et Vaudoyer établissent une nouvelle entrée à l'Ouest, tandis que le baron Haussmann modifie la voirie.
Conformément aux priorités du temps, une chaire construction civile est créée. Elle étudie notamment les échafaudages pour la reconstruction des édifices détruits en 1871 (colonne Vendôme, Hôtel de Ville, par exemple)

Dans cette seconde moitié du 19è siècle, le Conservatoire est associé aux progrès de l'industrie : amélioration de la production d'électricité hydraulique, amélioration des techniques d'impression des tissus en continu.

Vers 1900, le thème du social est enseigné.

L'école reste sur le principe de l'origine mais des voies s'élèvent pour réclamer une reconnaissance des études : on délivre alors un "certificat de présence", qui évolue vers un "diplôme" du CNAM (1922). A partir de ce moment, l'école se rapproche du fonctionnement de l'université.

-    C'est la rue de la Paix qui sera la première voie parisienne éclairée, après Londres.

Pierre-Yves Landouer, le 2 mars 1995