Paris : Les premières fois

Soumis par pierre-yves le lun, 17/01/2011 - 23:16

Les premiers équipements de Paris

La vie économique
La rue
L'eau
L'éducation
Les spectacles
Les transports
L'habitat

Les besoins d'équipements concernent d'abord la santé et la salubrité (eau courante, rues pavées et éclairées), avant de s'étendre à l'enseignement (collèges), la culture (bibliothèques, musées) et aux loisirs (théâtres, piscines). Les découvertes nombreuses du XIXe siècle contribuent à améliorer à la fois le confort (ex : eau courante, eau chaude, ascenseurs), les loisirs (cinéma) et l'efficacité (automobile, autobus, métro, aéroports). Les Expositions Universelles sont l'occasion de présenter au public des innovations : en 1855, l'exposition se tient dans le Palais de la Découverte. L'invention de l'électricité et son corollaire l'éclairage n'enthousiasme pas les foules. Les ampoules à filament de bambou résistent peu de temps. Il faudra attendre 1889 pour que l'électricité se développe commercialement. En 1867 : le public découvre les premiers ascenseurs, le service de bateaux-mouches et le premier aquarium. L'ascenseur va révolutionner l'architecture, inversant les étages, les plus recherchés devenant les plus hauts. L'escalier mécanique est exposé en 1889. Pour l'exposition de 1900, la première ligne de métro est construite.

La vie économique

  • le premier marché est organisé sous Louis VI le Gros, au lieu dit Les Campheaux, en 1137 (en dessous de Montmartre). Les marchandises acquittent une taxe (l'octroi), au passage de la porte de Paris. Philippe Auguste fait couvrir le marché en 1183.
  • la finance : la bourse est créée en 1581. Elle s'installe en 1724 rue Vivienne, dans l'Hôtel de Nevers que Louis XV a acheté (pour sa bibliothèque). Elle occupe la cour de l'actuelle bibliothèque nationale. Le Palais Brongniart construit spécialement pour la Bourse date de 1826.

La rue :

  • des rues pavées : en 1184, Philippe Auguste fait paver (en pierre) les grands axes Nord-Sud et Est-Ouest. Le bitume fera son apparition en 1830, mais la première chaussée en bitume compacté est à la Place de la Concorde, en 1837. Pour se repérer, on utilise des enseignes, des boutiques ou les églises. Les premiers numéros font leur apparition au pont Notre-Dame, en 1503. L'obligation de numéroter les maisons date de 1724, pour les faubourgs. Quant au principe de numéros qui sont fonction de la situation par rapport à la Seine, il date de 1805 (préfet Frochot).
  • des rues épurées : en 1370, le premier collecteur d'eaux usées et pluviales est construit rue Montmarte. Il se déverse dans le fossé du rempart proche. C'est l'ancêtre de l'égout, qui sera généralisé seulement en 1852. Jusqu'à cette date les maisons évacuent leurs rejets dans des fosses sceptiques. Quant aux ordures ménagères, elles s'accumulent sur la voie. François Ier tente d'imposer des paniers, qui seraient ramassés par du personnel. La collecte des déchets ne commence vraiment qu'en 1667, sous Louis XIV. La boîte normalisée est l'invention du préfet Poubelle (1883).
  • des trottoirs, pour éviter de marcher dans la boue : les premiers sont au Pont-Neuf (inauguré en 1607). C'est pour le confort de la gente qui fréquente le théâtre de l'Odéon, que sont créés les trottoirs de la rue de l'Odéon, en 1781.
  • des rues éclairées au gaz : les premières voies éclairées au gaz sont la rue de la Paix et la Place Vendôme, en 1829.
  • un sens de circulation unique est instauré pour faciliter l'arrivée et la sortie du théâtre des Tuileries, en 1764. Quand vient l'automobile, les rues étroites de Paris se révèlent mal adaptées : les rues de la chaussée d'Antin et Mogador sont les premières en sens unique, la Chaussée d'Antin pour remonter vers la Trinité et Mogador pour en descendre (ça n'a pas changé).
  • des arcades sont inspirées de la mode italienne. Là-bas, elles abritent du soleil, ici de la pluie. Les premières sont à la Maison des piliers (ancêtre de l'Hôtel de Ville, place de Grève). Puis Henri IV fait lotir la "place royale" (actuelle place des Vosges), en 1605-09, avec des galeries tout autour, à l'emplacement de l'Hôtel des Tournelles, de triste mémoire (Henri II y mourut, le 10 juillet 1559, des suites d’un coup de lance accidentel qu'il reçut lors d'une joute donnée en l'honneur du double mariage d'Élisabeth de France avec Philippe II d’Espagne et
    de Marguerite de France , sœur du roi, avec le duc de Savoie). Juste avant la Révolution, le lotissement du Palais royal se dote d'une galerie marchande.
  • des rues couvertes : les premiers passages couverts sont le passage Feydeau (1791), près de l'actuelle Bourse, puis le passage des Panoramas, nommé ainsi car il abrite un "panorama" (projection panoramique de paysages). Seul, le second existe toujours. Les passages Verdeau et Jouffroy datent de 1845-46.
  • le boulevard est un terme militaire qui désigne le terre-plein extérieur d'une fortification. Il amortit les boulets de canon. Les murs de la rive droite sont abattus à proximité de la porte Saint-Denis pour faciliter la circulation en 1670, sous Louis XIV. Ainsi le terme "boulevard" se transpose à des voies larges, bordées d'arbres. L'arc de triomphe de Saint-Denis est le premier fait pour durer (architecte : Blondel, 1672). Auparavant, on saluait le retour du roi ou de son armée victorieuse avec un "arc de triomphe" provisoire en bois.
  • le "cours" La reine est une transposition du corso italien, amené par la reine Marie de Médicis en 1616. Elle fait planter des ormes tout le long. En 1666, le "jardineur" du Roi Le Nôtre (qu'on pourrait qualifier d'urbaniste et de jardinier), dessine trois voies en pattes d'oie à l'ouest des Tuileries : le cours la Reine au sud, l'"avenue" des Tuileries (première mention d'avenue) qui deviendra "avenue des Champs-Élysées", dans l'axe du jardin, et une troisième au Nord qui n'est pas réalisée. Cours et avenue sont plantés d'arbres, comme un boulevard.
  • des quais : le premier quai est celui des Augustins, face au Palais de la Cité, au pied de l'Hôtel de Nesles (1313, sous Philippe le Bel).

L'eau

  • de l'eau en abondance : ce sont les foires qui reçoivent les premières fontaines. En 1182, Philippe Auguste fait installer une fontaine à la foire Saint-Laurent (ancienne foire Saint-Ladre ou Saint-Lazare, fondée en 1110 sous Louis VI, au carrefour actuel du Bd Magenta et de la rue du Fg Saint-Denis, près de l'actuelle gare de l'Est). La foire des Halles reçoit ensuite les eaux que le roi achète au prieuré Saint-Lazare.
  • l'eau courante n'arrive dans les logements qu'en 1781, à titre expérimental. Un siècle plus tard, en 1884, un recensement révèle que 2/3 des logements sont raccordés.
  • l'eau chaude est disponible grâce au chauffe bain inventé en 1871.
  • l'eau pour les pompiers : place Baudoyer, une borne d'incendie est mise à l'essai en 1738. La première pompe à incendie date de 1699. L'organisation du corps des sapeurs pompiers date de 1722. On les appelle les "gardes des pompes". Ils ont leur siège rue Mazarine. Au XIXe siècle, d'anciens couvents désaffectés depuis la Révolution sont transformés en casernes de pompiers ou de gardes (ex : couvent des Célestins).
  • l'eau puisée : le premier puits artésien est creusé aux abattoirs de Grenelle, en 1833. L'eau est atteinte en 1841.
  • les bains publics : bien connus des Romains (les Thermes), les bains sont remis au goût du jour, au XIIe siècle, par les Croisés, qui ont redécouvert les hammams en Orient. Mais ils sont réservés à la noblesse et à la bourgeoisie (Sully convoqué par Henri IV aurait répondu : "désolé, mais je sors de mon bain"). Les gens du peuple n'ont que la Seine pour se laver ... et on se lave peu. On se parfume quand on a les moyens. Le XVIIe siècle est un tournant dans le souci d'hygiène : les plus aisés prennent des bains chauds, chez eux, ou des bains froids dans le premier bateau amarré sur la Seine, en 1680. Pour des bains publics chauffés ("étuves"), il faut attendre le début du XIXe siècle. Ils sont encore chers. La Ville ouvre des bains municipaux, où l'on peut se laver et nager, en 1884 (piscine du 31, rue de Château-Landon), en 1891 (Rouvet), 1896 (Hébert), 1897 (Ledru-Rollin).

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