Paris : Unesco

Soumis par pierre-yves le mer, 21/04/2010 - 16:31

Nous nous retrouvons en cercle un peu restreint (une trentaine de participants) pour la visite insolite d’un grand établissement parisien : l’UNESCO, United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization ou Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO). Vous savez, ce grand immeuble sur pilotis à la façon le Corbusier qui se cache derrière l’École militaire. Avec le temps, L’organisation s’est modernisée et a ajouté la Communication à ses objectifs, et décliné les Sciences en sciences naturelles et sociales.

 

L’organisation est une des filles de l’ONU comme l'OMS pour la santé ou l'UNICEF pour les enfants. Elle est née le 16 novembre 1945, 5 mois après l’ONU. Pour cette agence spécialisée des Nations Unies, le plus important n'était pas de construire des salles de classe dans des pays dévastés ou de classer des sites du Patrimoine mondial1, mais de contribuer à la paix à travers l’éducation, la science, la culture et la communication. Les vaincus de la guerre  mondiale, Japon et République fédérale d'Allemagne, se réconcilient comme États Membres en 1951. Douze anciennes républiques soviétiques les rejoignent entre 1991 et 1993 suite à l'éclatement de l'URSS. A l’origine, 46 États sont membres, aujourd'hui, 193. Taïwan n’est pas membre, à cause de son grand frère chinois. Les États contribuent aux frais de l’UNESCO en fonction de leur PIB, mais ils ont tous les mêmes pouvoirs : une voie du Vanuatu vaut celle des États Les États se sont retirés de l’organisation en 1984, pour protester contre les politiques de l'organisme. Ils fournissaient un quart du budget de l'UNESCO ! Ils y reviennent en 2003. L’effectif est de 1000 personnes au siège et autant dans les bureaux régionaux.
A l’origine, l’Unesco prend ses quartiers avenue Kléber jusqu'à ce que le gouvernement  français lui prête un terrain, place de Fontenoy. Le premier immeuble est construit en 1958 -59 par trois architectes de nationalité différente, un Italien, Pier Luigi Nervi, un Américain, Marcel Breuer et un français, Bernard Louis Zehrfus. Le matériau à la mode est le béton que l’on voit partout. Il est à la fois porteur et décoratif. Le sol est en travertin, marbre bon marché.
Au fur et à mesure où l’organisation accueille de nouveaux membres, il faut s’agrandir, sur le même terrain, d’où les bâtiments enfouis autour de patios souterrains, situés derrière l’immeuble en Y (1965-1978).
Et si on visitait tout ça ?

 

Les photos sont sur www.voyages.lespassions.fr

Nous laissons nos manteaux encombrants à la salle de restaurant, située au 7 è étage, occasion d’admirer Paris depuis la tour Eiffel au Sacré Cœur. Ce 7 è étage est aussi haut qu’un dixième étage d’immeuble bourgeois. Le hall par lequel nous sommes arrivés est tout aussi démesuré, large et haut. Il nous amène vers le pavillon des salles de conférences : les panneaux inclinés de la grande salle lui confèrent une excellente acoustique, mise à profit par des concerts (concerts gratuits le plus souvent sur invitation à demander via le site internet de l’Unesco – Bon à savoir !)
Les salles de conférences sont équipées pour les traducteurs. En effet, l’organisation polyglotte a retenu les six langues les plus parlées dans le monde, l’anglais of course, le français (cocorico), l’espagnol, le russe, l’arabe et le chinois. Belle répartition géographique qui embrasse tous les continents.
Notre chemin est égrené d’œuvres d’art qui ont été offertes par les états membres dès 1958  Les plus grands artistes de l’époque sont représentés : Picasso, Miró, Arp, Calder, Chillida, Giacometti, Moore, Vasarely et bien d'autres.
La chute d’Icare est une vaste peinture acrylique sur bois, composée de 40 panneaux couvrant une surface d'environ 90 m² (910  x 1060 cm). Elle a une petite historie : son auteur, Pablo Picasso refusa de signer l’œuvre qu’il jugea mal mise en valeur dans le hall. Un plafond bas ne permet pas d’avoir assez de recul pour assister à la chute d’Icare.chute d'icare

Joan Miró (1893-1983) avec Jose Llorens Artigas ont créé La Lune, mural en céramique émaillée, composé de plaques de céramiques, de bois, d’émail et de terre, de 2,20  x 7,50 m.

la lune

Nous quittons l’intérieur pour une petite visite en plein air, d’abord de l’Espace de Méditation, œuvre du Japonais Tadao Ando. C’est un cylindre vide, de 6,5 m de diamètre et autant de haut, construit en 1995 pour célébrer le 50ème anniversaire de l’Organisation. Les murs renvoient un écho parfait qui suscite les vocalises. Le sol est en dalles de granit de la ville d’Hiroshima, qui fut irradiée le 6 août 1945.
A l’intérieur, le visiteur peut s’arrêter et s’asseoir sur quatre chaises en fonte dont le dossier est extrêmement haut et d’aplomb et oblige à se tenir très droit, dans une pose solennelle et cadrée. Cela invite au recentrement sur soi. Tadao Ando a expliqué la conception du petit espace en ces termes : « Il faut savoir passer outre les différences de race, de religion ou de nationalité pour respecter l’idée et la façon d’être des individus appartenant à des cultures et des sociétés différentes. Avec cet espace exigu, j’ai essayé d’exprimer la cohabitation pacifique sur terre. »

Toujours dans une optique de paix retrouvée, la Fontaine de la Paix (du Japonais Isamu Noguchi) est une lourde pierre de granit qui précède le jardin japonais. Les deux œuvres ont été offertes par le Japon, au moment de la construction du bâtiment Fontenoy. Le chemin d’accès longe un ruisseau d’eau vive qui se jette dans un calme et petit bassin. Les cerisiers japonais éclaboussent de floraison printanière et ignorent le gel qui va s’abattre peu de temps plus tard. C’est un enchantement.

En contrepoids à la pierre, un mobile aérien d’Alexander Calder s’agite au gré des vents de l’autre côté du bâtiment.

Pierre-Yves Landouer, mars 2008

1 Les biens classés au patrimoine mondial sont au nombre de 879, pas seulement des sites géographiques, mais ce peut être la cuisine en Afrique ou la sorcellerie ! La France a 31 sites (citons le Mont Saint-Michel et sa baie, Le Havre, ville reconstruite par Auguste Perret, etc.), l’Allemagne en a 32, la Chine, 35 , l’Espagne, 40 et l’Italie, bellissima, 41. Les sites sont répartis dans 141 pays. Les états reçoivent des aides pour préserver. les sites classés.