Centre horticole de Rungis

Soumis par pierre-yves le mar, 06/04/2010 - 12:12

Dans le cadre des portes ouvertes sur les jardins, la ville de Paris a ouvert son centre horticole de Rungis : 44 hectares, plantés ou aménagés de serres, pour cultiver les fleurs, les arbustes et les arbres qui sont plantés dans les parcs et jardins.
96 % de la demande est satisfaite pour les plantes bisannuelles. Quel est le processus :
Les paysagistes de la ville dessinent les parterres, comme un modiste, qui prépare sa collection printemps-été, puis automne (l'hiver est en friche). Il y a des modes, par exemple les plants de potagers (artichauts, tomates de diverses origines). Les commandes sont établies presqu'un an à l'avance. Actuellement, on achète les semis qui donneront des fleurs de printemps 2000. Le planning est fixé et on connaîtra déjà la date de livraison 6 mois à l'avance, et il vaut mieux, car les livraisons se bousculent : 50.000 plants/jour en mai (10.000 primevères dans la saison).
Deux techniques : le semis pour les bisannuelles, et les boutures. Les plantes d'intérieur, qui relèvent d'une autre spécialité, sont parfois achetées à des pépiniéristes. 
Le semis :
Avant d'envisager la suite, il faut sélectionner le bon terreau : terre de bruyère, acide ou pas, etc. C'est là que l'expérience se fait, et fait la différence.
Devant la machine automatique, nous assistons au cérémonial biblique de l'ensemencement : des pinces se précipitent pour chercher la semence, et en choeur, se dirigent au dessus du berceau où elles enfoncent la précieuse graine dans un bac de la taille d'un dé. Les plateaux sont amenés en chambre noire, où une température constante de 18 °, dans une humidité contrôlée, garantit le bon démarrage de la vie.  Après l'incubation, la même machine mettra autant d'ardeur à extraire les jeunes pousses et à leur offrir un pot de 4 cm de côté. Direction la serre pour 2 mois. Les plants sont abreuvés, avec une eau dopée à l'azote, la potasse, et le phosphate (les fameux N, K, P). « On arrose jamais par les feuilles, mais par les racines ». L'eau d'arrosage est ensuite recyclée. S'il fait trop chaud, un brumisateur s'enclenche tout seul, et disperse des gouttelettes de brouillard.
Nous suivons le cycle sous les serres. Une fois passées les serres à cactus (de toutes sortes), nous arrivons aux pensées : il y des jaunes, des bleues pâles, des violettes. Elles iront en pleine terre en octobre, concomitamment avec les chrysanthèmes, aux couleurs plus tristes.
Plantation par boutures
Pour les dahlias, on attend les premières gelées, quand la sève redescend et renforce le bulbe. On ramasse alors les souches, que l'on conserve en atmosphère humide. Deux risques sont à maîtriser : la sécheresse, et les virus. On les replante en janvier, avec un engrais différé. Les pousses feront les boutures (10 boutures/souche). Le travail se ralentit du 15 décembre au 1er février. En février, on prélève les boutures. Il est important de désinfecter l'outil à chaque section, afin de ne pas transporter un virus qui infecterait un plant. Pour maintenir un vivier de plantes saines et régénérées, on prélève au microscope des méristèmes sur quelques variétés.
La visite se termine au pavillon de lutte contre les maladies. Pour éviter les aspergeants chimiques, on recourt à des insectes mangeurs d'insectes nuisibles. C'est tout un art. 

Pierre-Yves Landouer, le 19 septembre 1999