Quelles sont les principales différences entre le roman et le gothique ?

Soumis par pierre-yves le jeu, 11/03/2010 - 00:21

Bien sûr, il n'y a pas un style gothique unique. Les différences régionales sont évoquées plus loin. Mais, en Île-de-France, une évolution très nette différentie le premier gothique (1135-80 : Saint-Denis, Sens, Noyon, Senlis, Laon et début de ND de Paris) du gothique dit rayonnant (1180-1260 : achèvement de ND de Paris, Chartres, Reims, Amiens, etc..).

 

 

roman

premier gothique
(1135-80)

gothique rayonnant
(1180-1350)

Façade austère,
parfois fortifiée (1), parfois chœur à l'ouest, doublant celui de l'Est.
les trois nefs se devinent :
3 portes séparées par des contreforts massifs.
triomphale, munie de 2 tours et de portails semblables aux arcs de triomphe (2). Des lignes horizontales fusionnent les 3 nefs.
Chevet volumes distincts fusion des volumes
Reprise des poussées contreforts saillants ou dans les charpentes contreforts saillants, arc-boutants à Sens et St-Germain-des-Prés. arcs-boutants fixés à des tours extérieures.
Nef extérieure étagée horizontalement verticalité des contreforts verticalité des gâbles
Décoration limitée aux chapiteaux encore limitée ; profusion d'anges, de saints, de symboles (3), Jugement dernier.
galeries des rois à Amiens, Chartres, Paris et Reims.
Nef unique en général trois ; cinq : Le Mans, Bourges, Paris, Troyes.
Chapelles rayonnantes rares, absidioles derrière le chœur les premières à St-Denis ;
chapelle axiale à Sens.
généralisées autour du chœur.
Crypte le chœur est souvent surélevé absence de crypte, sauf Saint-Denis, Auxerre, Bourges, Chartres, Le Mans, Metz ; les reliques sont exposées dans le chœur.
Transept peu visible saillant (4) plan en croix, sauf Paris et Reims (pas saillant),
Sens et Bourges (pas de transept). Absides aux transepts de Noyon et Soissons (influence rhénane, ottonienne).
Croisée du transept tour avec fenêtres, d'où puits de lumière. à peine visible, dans la continuité de la nef au chœur
Perspective de la nef corniche reliant les arcades, soulignant les fuyantes horizontales. encore peu de lignes verticales.
ex : Laon, Noyon (5)
verticalité prononcée,
les niveaux horizontaux sont masqués.
Niveaux de la nef 2 niveaux : arcades et
fenêtres hautes.
parfois tribunes (6).
4 niveaux : Laon, Noyon, Reims, bras sud de Soissons. 3 niveaux : arcades, triforium (7) et fenêtres hautes.
Fenêtres Htes une, réduite, par voûte deux lancettes géminées mur de verre, sauf Bourges
Voûtes charpentées ou voûtées quadripartites, sur plan carré. sexpartites : Laon, Noyon, Paris et Sens,
sur plan carré.
quadripartites (Chartres), sur plan rectangulaire (barlong), sauf Bourges (sexpartites).
Piliers ou
colonnes
piliers ronds, carrés, octogonaux. Piliers à Paris, Laon, Noyon, Soissons et abb. de Reims (chœur, 1162). Colonnes jumelles à Sens. piliers cantonnés ou fasciculés avec les colonnes descendant des arcs de voûtes.

(1)    la façade à deux tours apparaît en Normandie (Jumièges, abbayes de Caen).
(2)    Saint-Denis n'a pas de tour, à l'origine (elles sont rajoutées plus tard). Laon est la première cathédrale à 2 tours de façades. Il était prévu 7 tours à l'origine (2 par transept et façade + 1 à la croisée) mais on n'en construit que 4 (2 en façade, 1 par transept). 7 tours également prévues à Chartres, seulement 2 réalisées. Les portails sont profonds afin dégager de solides massifs sur lesquels les tours prennent appui, et contrebutent la poussée de la nef.
(3)    animaux symboliques : le lion symbolise la résurrection et l'aigle la montée au ciel.
(4)    transepts arrondis (comme un chœur) à Cambrai, Noyon et Soissons.
(5)    évolution vers la verticalité : à Laon et Noyon, les colonnettes qui s'élèvent au dessus des chapiteaux (plus exactement des tailloirs) jusqu'aux retombées des voûtes, sont entrecoupés de bagues saillantes, qui accentuent les lignes horizontales.
(6)    les tribunes sont voûtées, comme le collatéral. Elles servent à contrebuter la nef.
(7)    c'est une fausse galerie qui sert à masquer la charpente des collatéraux. Le principe du mur double (mur extérieur doublé d'arcades intérieures) est apparu en Normandie au XIe siècle.