Moyen-orient suite (2)

Soumis par pierre-yves le lun, 17/01/2011 - 10:44

IV. La civilisation assyrienne
Son cadre géographique :          haute vallée du Tigre, coincée entre les contreforts montagneux, qui la protègent, mais d'où peut déferler la menace élamite.
Son environnement :   - à l'Ouest, le désert Syrien,
     - à l'Est, montagnes iraniennes (les Mèdes),
     - au Sud, vallée fertile de l'Euphrate où s'épanouit la civilisation sumérienne.
Naissance de l'Assyrie et évolution :
1.     Origine : peuple nomade, d'origine sémite, vivant d'élevage et de transhumance,
2.     puis, sous la pression démographique, le peuple se fixe, vers 2500 av. J.-C.. Assur et Ninive sont les centres religieux, administratifs et commerciaux. Il vit d'agriculture (il cultive même la vigne) grâce à l'irrigation,
1830  av. J.-C. : premier roi, Ushpia, qui élève le premier temple dédié à Assur, dieu principal, équivalent au dieu Marduk des Babyloniens  ;
1750 - 1717 : Shamshi-Adad I fonde l'Empire Assyrien. Après un exil à Babylone, il est revenu imbu d'idées religieuses babyloniennes (qui prévalent aussi en Égypte) : le roi reçoit son pouvoir des dieux qu'il représente sur terre et qu'il doit honorer (il est leur "vicaire"). Pour cela, il reconstruit le temple d'Enlil.
3.     l'Assyrien devient ensuite commerçant, ...
       premier raid des Assyriens sur Babylone et la Cappadoce, pour se garantir les routes commerciales,
4.     et, vers 1200  av. J.-C., l'Assyrie entreprend une politique d'expansion  : tout au long de son histoire, l'Assyrie sera confrontée à un besoin vital de communications avec le monde extérieur, pour accéder aux mines de fer de l'Anatolie, ou pour atteindre la Méditerranée. La guerre assyrienne n'est pas, à l'origine, une guerre de conquête des espaces mais un acte d'autodéfense pour arrêter les incursions ennemies,
5.     l'Empire vit en état de guerre presque permanent avec ses voisins, qu'il tente de pacifier en installant des gouverneurs (précurseurs des satrapes achéménides) et des garnisons (organisation de Tiglat-Pileser), en imposant un tribu (en fonction des richesse locales, en minerai, par exemple) et en déportant les habitants de villes entières ( ).
6.     cette politique de déportation crée des foyers de mécontentements qui enflamment des révoltes.
7.     les vaincus sont souvent torturés, empalés ou décapités, surtout s'ils se sont révoltés ( ).
8.     les Assyriens, omniprésents et dispersés dans un Empire immense, seront absents pour défendre leur capitale le moment venu, d'où la mort de l'Empire (un peu comme l'Empire romain ).
       L'Empire est le fait des conquérants. Il ne correspond pas à une nécessité des peuples qui ne se sont jamais aimés. Le Moyen-Orient a toujours été une terre de particularismes locaux ou nationaux.

V.
La Phénicie aux mains des Egyptiens et des Hébreux
1500 : les Hyksos ( ) sont chassés d'Égypte par le Pharaon Aménophis Ier. Les Hébreux subissent des mauvais traitements.
1480 : naissance de Moïse, fils du roi hébreux. Ses parents l'abandonnent dans un couffin, sur le Nil, pour qu'il échappe au massacre des enfants décrété par les Egyptiens. La reine Hatchepsout (qui gouverne avec son mari, Thoutmosis Ier et avec les pharaons successifs, Thoutmosis II et III) découvre par hasard le bébé et le sauve des eaux. Elle élève le garçon à la cour et choisit une mère nourricière, qui n'est autre que la propre mère de l'enfant. Elle est tolérante à l'égard des étrangers. Ainsi, elle rénove le temple sémite de Sérabit (sur un mont du Sinaï, alt. 825 m) où est pratiqué un culte monothéiste par les ouvriers des mines de turquoise (qui fournissent les bijoutiers égyptiens). Ceux-ci construisent un temple à Hathor, déesse d'Hatchepsout, en remerciement. On a retrouvé des citernes pour les ablutions et les lois décrivant les holocaustes. Hathor est aussi considérée comme une représentation de déesse orientale. Hatchepsout prépare sans doute le terrain au culte monothéiste d'Aton que mettra en place Akhenaton. Quand elle meurt, en 1485, Moïse quitte la cour.

Dans une altercation entre un hébreux et un égyptien, Moïse tue l'égyptien. Il décide de fuir à Madian, sur la cote est du Sinaï.
1440 : Moïse a la révélation du "buisson ardent". Il retourne en Égypte, rencontre le Pharaon, Aménophis II, et lui demande l'autorisation d'emmener le peuple hébreux prier à Sérabit. Le Pharaon refuse. Des calamités s'abattent sur l'Égypte (orages, insectes, mort du fils aîné du Pharaon)   exode des Hébreux qui errent dans le désert du Sinaï, en direction en fait de "la Terre promise" (qu'il situent vers le pays de Canaan, l'actuelle Palestine)
1400 : Josué succède à Moïse. L'Ancien Testament affirme qu'il assiège Jéricho, au Nord de la Mer Morte, et réussit à prendre la ville (qu'il incendie), grâce à un tremblement de terre qui détruit les énormes fortifications ( ). C'est sans doute un séisme qui a repoussé les eaux du Jourdain, laissant le passage à gué aux Hébreux, deux semaines plus tôt. Une autre thèse tout aussi plausible, serait un (simple) mirage : les Hébreux virent l'apparence d'eau se refermer sur eux, au fur et à mesure où ils avançaient dans la plaine surchauffée, au nord de la mer rouge. Plus au Nord, les Égyptiens harcèlent la Phénicie (la Bible dit que "les frelons attaquent Canaan", or le frelon est l'emblème des Thoutmosis). Les Hébreux profitent de l'affaiblissement des Phéniciens pour envahir la région.
          
Aménophis III se marie (et s'allie) avec une princesse du Mitanni (Syrie), Thyi ; l'Égypte étend son influence sur la côte Méditerranéenne, jusqu'à l'empire Hittite, pactisant avec les Hébreux et interdisant l'accès maritime aux Assyriens. Le pharaon est réceptif au monothéisme, sous l'influence de sa femme Thyi. Akhenaton subit une influence comparable avec sa femme, la reine Nefertiti, fille du roi du Mitanni.

VI. La menace des Hittites
vers 1550  av. J.-C. : arrivée des Hittites et des Hourrites en Anatolie.
           Ils repoussent les Assyriens de Cappadoce, attaquent Babylone (1530), mettant fin à la dynastie en place. Le Babylonien reste la langue officielle, diplomatique, de l'Asie Mineure.
           Une nouvelle dynastie règne sur Babylone (les Kassites, venus d'Iran) ;
1350 : les Hittites envahissent le Mitanni.
           La fille du roi assyrien épouse le roi kassite de Babylone influence littéraire, artistique et religieuse de Babylone sur l'Assyrie.
1278 : les Hittites attaquent l'Égypte, puis signent un traité de paix avec Ramsès II, qui épouse une fille du roi Hittite.
           Les Hittites s'allient avec Babylone pour faire une guerre commerciale contre l'Assyrie.
1280 : fondation de Kalah (désignée dans la Bible, comme Nimrud) par Salmanasar, au Sud de Ninive.
1220 : guerre de Troie. Les Grecs assaillent les Hittites disparition de l'Empire hittite.

VII. Les Hittites
Site : le plateau anatolien est composé de steppes arides, sillonnées de ravins, hérissées de pics rocheux et entourées de montagnes à la fois protectrices et gênantes. Le fleuve Kizil Irmak ( ) englobe la pays Hittite. Les Hittites utiliseront les pics pour implanter des forteresses, quitte à remodeler le sol pour l'aplanir (construction de terrasses). Exemple : l'acropole (- 1700 à -1500) ou Büyük kale ("grande forteresse"), près du village de Bogazkale, à 150 km à l'Est d'Ankara (site "découvert" ou plutôt révélé au monde occidental par le voyageur français Charles Texier, en 1834). Les sites naturels, cols ou gorges des flancs montagneux qui entourent le plateau, sont des postes frontières, gardés par des guetteurs (comme chez les Assyriens) et marqués par des bornes et des sculptures en bas-relief sur les parois rocheuses (scènes de roi partant à la guerre et de dieux protégeant les soldats).
Climat : alternance d'hivers rigoureux et d'étés très secs.
Histoire simplifiée des Hittites :
Néolithique (- 7000) :
en Europe balkanique et danubienne, naissance d'une civilisation agricole (premiers villages, premiers édifices publics, apparition de poterie peinte).
entre Dniepr et Volga, civilisation dite des "Kourganes", parce qu'on en a retrouvé que des "kourganes" ou tumulus funéraires.
Du Vème au IIIème millénaire, la civilisation des Kourganes s'étend, en trois vagues, vers l'Ouest, repoussant ou se mêlant aux peuples en place Italiques, Celtes, Germains, Balto-slaves et Grecs.
vers - 3200, la vague Kourgane II aurait repoussé les peuples des Balkans vers l'Anatolie fondation de Troie et peuplement des plateaux anatoliens. Pour attester cette hypothèse, il y a des points communs entre les Hittites (descendants des premiers anatoliens) et les peuples italiques, qu'ils ont dû côtoyer. Ainsi, la mort du Roi est ici et là assimilée à "une déification". Il existe des puits pour entrer en relation avec la Terre ici et là-bas. La langue offre aussi des similitudes (l'autel se dit ara, en latin, et hassa, en anatolien), mais d'autres mots sont d'origine indo-européenne, sans ressemblance latine : l'eau se dit watar, qui est proche de l'anglais water, et de l'allemand wasser. La langue anatolienne est néanmoins moins élaborée que les autres langues indo-européennes (il y a deux genres, animé et inanimé, et donc pas de féminin ou masculin en plus du neutre ; les conjugaisons et déclinaisons sont pauvres).
- 2500 : un prince Nésite (capitale : Kanesh) remonte le fleuve Kizil Irmak (Halys pour les Grecs), et fonde une nouvelle ville, Hattusa, d'où "Hittite". A l'embouchure, le pays de Zalpuwa (capitale : Zalpa) est une contrée fertile et convoitée.
- XIXe - XVIIIe siècle : les marchands assyriens introduisent l'écriture cunéiforme, l'art et le commerce.
- XVIIe - XIIe siècle : l'Empire hittite. De cette époque datent l'acropole de Hattusa (Büyük kale) et la ville basse (- 1500), entourée d'un rempart de 9 km de long. Depuis le royaume (plateau anatolien), les Hittites mènent une politique d'expansion dans deux directions, vers la côte occidentale et vers le Sud-est (pays hourrite, et au-delà, Assyrie).
Suppiluliuma I (1345-20) soumet sous son protectorat le pays Kizzuwatna (louvites + immigrés hourrites), immédiatement au Sud.
Tuthatiya IV, monarque éclairé (1240-1215), stabilise le pays, implante des postes d'observation et des garnisons aux frontières du Sud et de l'Ouest. On trouve des traces de ces implantations et des camps militaires, que sont les bas-reliefs sur des parois rocheuses et des stèles.
A l'issue de la bataille de Qadesh, le roi hittite s'arrête chez son allié, le roi de Kizzuwatna. Il épouse Puduhepe, fille du prêtre de la déesse ishtar. Celle-ci est célèbre pour son activité politique, religieuse et culturelle. Cette union scelle l'alliance Hatti-Kizzuwatna.
- XIIe - VIIe siècle : période néo-hittite. L'art et l'écriture hiéroglyphique et l'art hittite survivent grâce à la création de petites principautés dans le Sud-Est et l'Est anatolien.
La vie quotidienne chez les Hittites :
Architecture :
Les maisons et les édifices importants ont une cour rectangulaire autour de laquelle s'organise l'habitation. Dans les grands édifices, elle est entourée par un portique à piliers. Cette architecture s'apparente à celle (plus ancienne) des Assyriens.
Langue : il existe trois langues :
- le hittite, langue des textes administratifs, déchiffrée en 1915, par l'orientaliste tchèque Hrozny ;
- le louvite, langue des textes religieux et magiques ;
- le palaïte, aussi utilisé par les prêtres.
Ecriture :
La première écriture est à base de pictogrammes simples (environ 400) qui peuvent se compléter.
            Exemples :       "maison" + "grand"        = "palais"
                                   "maison" + "dieu"          = "temple"
                                   "ville" + "ville"   = "pays".
Ensuite, les Hittites ont emprunté aux Mésopotamiens l'écriture cunéiforme, bien que leur langue soit différente, notamment du point de vue phonétique.

Les Dieux hittites :
Les dieux hittites sont le Soleil du Ciel et le Soleil de la Terre, soit la dyade classique du panthéon indo-européen, analogue à Mitra-Varuna du panthéon indien. Le dieu principal est représenté coiffé d'un disque ailé et tenant dans la main droite le signe de vie équivalent au ankh égyptien.
Ils se mêlent aux dieux "importés" de Babylone, de Canaan et du pays hourrite. Ex : le dieu hourrite de l'Orage et de la Foudre et sa parèdre se substituent à la dyade Ciel-Terre.
Les Fêtes :
Le solstice d'hiver est, en début d'année, une grande fête du renouveau. Lustrations, rites cathartiques sont suivis de sacrifices de porcelets, de moutons et de vaches, comme l'attestent des objets trouvés (piquets pour fixer les bêtes, autels de pierre), ainsi que les récits. On purifie la statue du dieu de l'Orage, en la lavant. Il s'agit de faire descendre les impuretés dans la terre.
La Magie :
Des récits d'époque se recoupent avec des traditions serbes, qui prouvent le lien probable entre ces régions ainsi que l'authenticité des rites antiques. Ex : pour guérir une personne ou un animal (on dit "le délier du mal"), on la purifie par l'eau vive (en la plongeant dans une rivière), par le feu (en lui faisant traverser des flammes) et avec la terre (en la faisant passer sous terre, ou plutôt, symboliquement, sous un arc de roche ou d'arbres).
Quant aux rois morts, pour leur faciliter l'accès aux dieux, on les débarrasse des souillures terrestres en incinérant leur dépouille.
Calendrier hittite :
Comme en Mésopotamie, calendrier lunaire. Les chiffres 7 (jours par semaine), 12 (mois par ans) et 30 (jours par mois) sont des chiffres magiques, que l'on retrouve dans les textes légendaires.