Mont Saint-Michel

Soumis par pierre-yves le mer, 21/04/2010 - 22:12

On se rendait au péril de la mer ! À pied ou en bateau.

Le rempart a été élevé au XVème siècle pour se protéger des Anglais.
En haut des marches : le logis des gardes.
Le passage entre l'église (à droite) et le logis abbatial avec un pont qui l'enjambe
L'église repose sur le roc qui affleure à la croisée du transept. Le sol est à 80 m d'altitude et la flèche s'élève encore 80 m plus haut (avec la statue de l'archange Saint-Michel). Au XIème siècle, la première église est plus base. Elle s'adosse au rocher. Elle est construite à partir de 966, en même temps que le monastère. La nef est romane. Sa voûte est en berceau et en bois. Le chœur s'effondre en 1441 et en 1446, est reconstruit en style gothique flamboyant. Les 5 ans de décalage entre l'effondrement et la reconstruction sont dus à la guerre de Cent Ans.
Le cloître : remarquons les colonnes jumelées, en granit rose. Il a fallu les restaurer, après que l'abbaye ait servi de prison à l'armée. Elles sont positionnées en quinconce, ce qui donne un effet très élégant.

mont saint-michelPénétrons dans le réfectoire : il recevait 60 moines. Il est éclairé par des baies hautes, enfoncées dans des murs épais, de telle sorte qu'on n'aperçoit pas les fenêtres en entrant, mais seulement la lumière qu'elles diffusent. Seul le lecteur était autorisé à parler. Les autres moines communiquaient par gestes, par exemple pour demander du pain ou un plat. Les moines étaient assis côte à côté et pas face à face, pour éviter toute communication.
En dessous se trouvait la salle des hôtes : eux avaient droit au chauffage. Il y avait deux grandes cheminées pour la cuisine qui était séparée de la salle par des tapisseries. La salle voûtée en ogives date du XIIIème siècle.
On débouche ensuite sur la crypte, qui est située sous le chœur : elle est de fait plus ancienne que le chœur. On en fait le tour, en direction du sud, et on atteint la chapelle Saint-Martin, sous le transept Sud, qui est de style roman (et aussi très ancienne).
Ensuite, une petite chapelle servait pour se recueillir sur le corps des moines défunts. C'est une chapelle très sombre voûtée en style roman (croisée d'arrêtes).
On retourne ensuite vers la partie Nord du monastère, en faisant un tour dans le sens des aiguilles d'une montre. Le toit s'est effondré, dans le passage en 1103. On le reconstruit en croisées d'ogives. C'est la première apparition de cette technique qui deviendra le symbole du gothique. On aperçoit des affleurements du roc. Toujours côté nord, on redescend maintenant vers la seule salle qui était chauffée pour les moines : le scriptorium. Chauffée pour conserver les ouvrages et aussi pour éviter l'engourdissement des doigts des copieurs. Une tapisserie était tendue entre les colonnes pour compartimenter des espaces. Cette salle est basse contrairement au réfectoire qui met en valeur la verticalité. Cette salle est située sous le cloître, c'est à dire en dessous de l'espace de méditation. Encore en dessous se trouve le garde manger, plus frais et à température stable.

Les espaces de prés salés :
Une digue édifiée par les Hollandais isole le polder. Un sentier littoral l'emprunte. Les peupliers noirs ont été plantés dans les années 60.
La zone de sable vaseux dégagé à marée basse est le slikke : il s'étend de Cancale à Granville. Sur 500 km² de baie, la moitié est en slikke. Dans les terres, le Mont Dole est de même nature que le Mont Saint-Michel et le Mont Tombelaine.
Le Couesnon sépare administrativement la Bretagne de la Normandie. Il a été canalisé en 1858 (on le voit bien rectiligne) alors qu'auparavant, il divaguait et, comme dit le dicton, "il fit folie quand il mit le Mont en Normandie". Au Moyen-Age, bovins, moutons, oies, canards, chevaux pâturaient sur les prés salés.
A partir d'un coefficient de 85, le pré salé peut-être recouvert, mais ça dépend aussi de vent et de la pression atmosphérique. A 115 de coefficient, le pré-salé est entièrement recouvert ce qui arrive une douzaine de fois par an. Les chenaux d'évacuation sont envasés et gênent le passage de l'eau au reflux.
La tentative de poldérisation a échoué jusqu'à l'arrivée des Hollandais, en 1850. La Compagnie hollandaise Mosselman réussit en commençant par canaliser les cours d'eau, responsables de la réalimentation des terres en eau. Quand on gagne sur la mer, celle-ci recommence le cycle et dépose du sable vaseux devant la nouvelle digne. Elle crée un nouveau pré salé. C'est pourquoi le Mont finirait par être dans les terres si on poursuivait cette politique de poldérisation.
Les moutons : ce sont des "grévins". Ils se caractérisent par des pattes longues et ils produisent peu de laine sous le ventre. Ils risquent moins de s'enliser. Son origine est le mouflon des montagnes. A une différence près : le mouflon use ses abots sur les rochers. Le mouton grévin n'usant pas ses sabots il a parfois des ongles qui poussent de travers et qu'il faut couper.
La tonte a lieu en juin : On profite de cette occasion pour soigner les brebis, leur donner un traitement contre la galle et vérifier l'état de leurs pattes. Les béliers sont castrés en juillet-août ou septembre, car cela enlève le goût fort de la viande.
Les agneaux qui naissent seront abattus pour Pâques, suivant la tradition de l'agneau pascal.
Le berger que nous rencontrons, Augustin, surveille avec sa chienne 320 moutons.
L'herbe comprend la salicorne, qui est comestible, l'herbe fine ou puxinellie maritime (la plus appréciée des moutons). L'obionne et le chien-dent gênent les moutons qui les évitent. La marée montante entraîne des fines particules de vase (la tangue) qui se déposent au reflux. Ce déséquilibre d'énergie entre marée montante et marée descendante explique l'apport et le dépôt
L'alouette fait son  nid dan l'herbe en mai-juin, lorsque heureusement  les marées ont de petit coefficient.
La caille des blés y niche également. On trouve aussi des lièvres.
Dans les fissures des berges, des crustacés s'abritent de la chaleur et peuvent y survivre tout l'été.
En 1878 on construit la digue-route pour relier le Mont Saint-Michel et favorise le tourisme. En 1920, les Monuments historiques demandent l'arrêt de la poldérisation qui menace la baie d'envasement.

Pierre-Yves Landouer, avril 2002