Paris : la Nouvelle Athènes

Soumis par pierre-yves le mer, 21/04/2010 - 17:34

Ce quartier se développe vers 1820, c'est à dire pendant la Restauration. Et essentiellement jusqu'en date d'une crise économique qui frappe la France. Le nom est donné vers 1823, sans doute parce qu'on redécouvre l'architecture grecque (Percier et Fontaine en sont les promoteurs).

A son emplacement se trouvait une friche et des jardins, peu occupés par les congrégations religieuses. Les grands seigneurs au XVIIIème siècle y installent des résidences de loisir qu'on appelle "folies", comme celle du duc de Richelieu (située près de l'actuelle rue Blanche). Les frères Ruggieri aménagent des jardins d'attraction près de l'actuelle place Saint-Georges, qui se remplissent les soirs d'été pour des spectacles pyrotechniques.
Joséphine de Beauharnais quitte le sentier pour s'approcher de ce qui sera le quartier Nouvelle Athènes, à al fin du XVIIIème siècle. C'est donc vers 1820 que débutent les lotissements, sous l'impulsion de promoteurs affairistes, comme Lapeyrière et son architecte Constantin. On leur doit l'aménagement de la Rue de la Tour des Dames.
Le quartier va de la rue des Martyrs à sa droite, à la rue Blanche, à gauche et remonte presque jusqu'au boulevard de Pigalle. C'est une butte qui s'incline en direction du Sud, au pied de Montmartre
Les grandes étapes sont aussi marquées par la construction d'église : Notre-Dame de Lorette en 1823-36, en style néo-classique par l'architecte Lebas, et plus tard, la Trinité, assez  imposante, par l'architecte Théodore Ballu (1861-67). En 868, Rossini qui est un compositeur très célèbre y est enterré, tandis que Thiers, le Versaillais qui combattu la Commune est enterré à ND de Lorette. Adolphe Thiers a épousé une fille Dosne et habite l'hôtel de son beau-père, sur la place Saint-Georges. La commune détruit cette résidence qui sera reconstruite.

Ce quartier attire les acteurs, sans doute parce que les théâtres ont proches :

Nombres d'artistes s'y succèdent : 9 en 1819, 24 en  1831, 53 en 1840 et 80 en 1860.
Les premiers acteurs a investir le quartier arrivent vers 1821 :
- Talam, en 1821, rue de la Tour des Dames,
- Mlle Duchesnois, en 1822, même rue, Mlle Mars (qui a posé pour Chassériau), en 1824, Marie Dorval en 1833.

Parmi les compositeurs, on note :
- Au 22 rue de Douai : George Bizet y compose Carmen. Y demeure également Ludvic Halévy (qui a une rue le long de l'Opéra). Il écrit des livrets pour Offenbach, comme la Belle Hélène, La Vie parisienne, la Grande Duchesse de Gérolstein ou la Périchole. En 1833, Offenbach s'installe à Paris, rue des Martyrs. La fille de Halévy épouse Georges Bizet.
- Hector Berlioz demeure aussi dans ce quartier.
- Eugène Scribe (qui a donné son nom à une rue près de l'Opéra) déménage rue Ollivier en 1828 et rue Pigalle en 1853.
- Victor Massé (qui a donné son nom à l'ancienne rue XX) compose des opérettes.
- Le compositeur Auber (il a une station de RER) habite au 50 rue Saint-Lazare.

On trouve aussi des courtisanes, qui savent se faire entretenir par plusieurs hommes. Vers 1840, on les surnomme les "lorettes", car elles apprécient le quartier proche de l'église de Lorette.
Les écrivains romantiques sont évoqués dans le musée de la vie romantique, installé dans l'ancienne maison d'Ary Scheffer.
Square d'Orléans (qui sera remanié, au niveau du 80 rue Taitbout) habitent Alexandre Dumas, George Sand et Chopin. George Sand était de 1839 à 1842 rue Pigalle. Y a vécu également la danseuse Marie Tagliani. En 1832, elle lance ce qui deviendra le "tutu".
On y croise aussi Théophile Gautier, et le caricaturiste Dantan (de 1835 à 1859). Quand le square est modifié au percement de la rue Taitbout, il déménage rue Blanche. Théophile Gautier et G de Nerval ont aussi vécu au 145 rue de Navarin, dans u grand immeuble de "rapport" (de location).

Les peintres ne sont pas en reste, d'autant qu'ils fréquentent les mêmes salons que les précédents :
- Théodore Géricault (célèbre pour le radeau de la Méduse et les chevaux) s'implante rue des Martyrs dès 1813. Il y est suivi par Horace Vernet, célèbre pour les scènes de bataille. Un peu plus tard, il loge 5 rue de la Tour des Dames
- Gustave Moreau habite depuis 1852, et installe son propre musée en 1895, 3 ans avant sa mort.
- Théodore Chassériau habite cité Frochot. Delacroix installe son atelier derrière ND de Lorette entre 1844 et 1857.
A la fin du XIXème siècle, on trouve les Impressionnistes qui fréquentent les cafés et les bals où on s'amuse :
- café de la Nouvelle Athènes, place Pigalle, à l'angle de la rue Frochot, est le lieu de rendez-vous de Renoir, Degas et Cézanne, à la fin du siècle ;
à côté, le raz mort a vu passer Manet. Il y a peint "la prune".
- le Chat noir est un simple café, boulevard de Rochechouart, en 1881. Son succès est tel que le propriétaire s'agrandit, rue Laval (devenue depuis rue Victor Massé, en l'honneur du compositeur riverain). A ce café du chat noir, se produit un certain Aristide Bruant qui acquière ses lettres de célébrité.
- le bal Tartarin est aussi rue Laval.
- La Truie qui file se situe rue ND de Lorette
Du café au cabaret il n'y a qu'un pas et delà au théâtre :
Théâtres :
- Le Casino de Paris (16, rue de Clichy) ouvre ses portes en 1890, à la place de la folie" du duc de Richelieu ;
-ouvert en 1897, le théâtre du Grand Gignol, 20 rue Chaptal, devient célèbre pour les rames issus de faits divers sordides. Il survit jusqu'en 1960, quand le Théâtre 347 lui succède.

Pierre-Yves Landouer, janvier 2002