la sculpture

Soumis par pierre-yves le ven, 12/03/2010 - 23:37

Au XIe siècle, l'uniformité est la règle. Le tympan roman montre le Christ entouré des quatre symboles évangéliques. Les attitudes sont rigides, sans cesse recopiées sans originalité (comme dans les manuscrits enluminés). La sculpture véhicule des symboles, comme La Vierge représentée chaussée, et Jésus, les Apôtres et les Anges pieds nus. Chaque saint porte l'instrument de son martyre, et une expression qui leur est propre, figée depuis des lustres. Tout cela change progressivement.
Sur les tympans, le thème de l’Ascension disparaît vers 1160. Le thème dominant reste le Christ de l'Apocalypse jusque vers 1170. Un changement important se produit quand apparaît la Vierge en majesté en 1150 (Paris, Chartres), et le Couronnement de la Vierge en 1170 (Senlis).
La période 1200-1240
L'art se renouvelle d'abord au contact de l'Orient. Le sac de Constantinople par les Croisés, en 1204, déverse sur l'Europe occidentale une quantité d'œuvres d'art byzantines, qui se détachent de la rigueur antique. Les visages antiques ont des regards lointains. De même, les visages du début du Moyen-Âge sont austères et ne traduisent aucune joie de vivre. Le roman de la Rose ne recommande-t-il pas de sourire sans ouvrir la bouche. Le gothique réhabilite les regards expressifs et les airs souriants. Il reflète une époque où la religion se rapproche de l'homme. Le visage doit à la fois exprimer la tension intérieure et s’en détacher dans sa souveraine grandeur. La sculpture participe dans son ensemble à la dynamique de la façade, au détriment de sa propre finalité décorative. Les drapés sont étudiés pour créer le volume par les jeux du tissu, souligner les formes et les mettre en mouvement.
Du point de vue des thèmes, les rois, à commencer par l'unificateur que fut Charlemagne, sont représentés après 1200, à Amiens, Chartres, Paris et Reims (ainsi que Burgos), pour rappeler la continuité des rois francs avec ceux de l'Ancien Testament (Moïse, Gédéon, Aaron, Josué), et leur ascendance divine
L’art maniériste : 1230/1240-1350
A Paris, la sérénité qui marque encore les visages fait place à une humanité qui enveloppe toute l’œuvre. Le courant humaniste force à un nouveau regard sur les êtres. L'observation de la nature, des animaux et des humains oblige à réapprendre la réalité, plutôt que la reproduction des mêmes poncifs ancestraux. Des traités sont écrits sur l'expression des sentiments et des passions. L'architecte Villard de Honecourt voyage partout et rapporte notamment des carnets de dessins d'animaux, d'après nature.

  1. les sujets de sculpture se libèrent des traditionnels Saints et concernent des soldats, des gentilshommes ou des hommes du peuple.
  2. la verticalité de l'architecture se retrouve dans la sculpture (Paris, Chartres) : proportions élancées, visages finement dessinés, chevelures bouclées, robes d'étoffes lourdes rompant avec la tradition antique.

Le renouveau du culte de la Vierge
Après 1170, le renouveau du culte de la Vierge (désignée "mère de Dieu " au Concile d'Éphèse, en 431), suscite de nombreuses dédicaces. Son culte se développe sous l'influence de l'église d'Orient, que les Croisés ont rencontrée en Palestine. Les cathédrales qui lui sont dédiées, après Laon et Noyon (1140), et, en dehors de l'Île-de-France, Tournai (commencée en 1110 en style roman, et dotée d'un chœur gothique en 1243-55), se répartissent dans toute l’Europe :
      - en Île-de-France : Paris (cathédrale commencée en 1163), Senlis (portail : 1170), Chartres (1194), Reims (1211), et au Nord, Amiens (1220), Arras, Cambrai,
      - en Normandie : Rouen (1200-50), Coutances (1210), Bayeux (chœur : 1230-40),
      - en Bourgogne : église ND de Dijon (1220-35), monastère de ND de Vaux à Châlons-en-Champagne (1150),
      - en Allemagne (de cette époque) : Strasbourg (nef : 1230-75), Freiberg en Saxe (vers 1230), Fribourg (1235-53), Trèves (1235-50), et en Suisse : Lausanne (1220-75),
      - en Espagne : Burgos (1220-60), Léon (1255), Tolède (chœur : 1226-47),
      - en Angleterre : Salisbury (1220-68).
En France, sur les 170 cathédrales existant ou ayant existé, 58 sont dédiées à Notre-Dame, et 14 à Sainte -Marie (dans le sud).
Parallèlement à la recrudescence du culte de Marie, il y a une couleur qui la symbolise et qui se développe : le bleu, que les Romains méconnurent, mais qui existait en Orient, depuis l'antiquité égyptienne. Les barbares d'Europe du Nord l'utilisaient, en l'extrayant de plantes. Les Romains le désignaient comme "azur", ou "blau", en reprenant le terme des Germains. La culture des plantes produisant le bleu fit la fortune notamment de la Picardie (Amiens).
Dix-sept cathédrales sont dédiées à Saint Étienne : à Sens (1140), Bourges (1195), Meaux, Metz, Toul, et Caen (abbatiale). Étienne fut pape de 254 à 257 et considéré, avec Pierre, comme un des pères de l’Église romaine. Premier martyr, il devint populaire après l'invention (découverte) de ses reliques en 415. La première cathédrale de Paris était dédiée à Saint Étienne. Elle fut détruite, ainsi qu'une église dédiée à ND pour construire la cathédrale ND de Paris.
Les autres dédicaces sont : Saint-Pierre (19 cathédrales), Saint-Jean (9 cathédrales), Saint-Vincent, depuis que Childebert a ramené ses reliques d'Espagne en 531 (5 cathédrales). Des saints locaux sont aussi retenus : Saint Julien fut le premier évêque du Mans.