L'art des orfèvres

Soumis par pierre-yves le mar, 06/04/2010 - 23:44

Exposition au Couvent des Cordeliers

Petit historique :

L'or est découvert avant l'argent et le cuivre. L'argent est appelé "Luna" ou "diana" par les latins (à cause de sa ressemblance avec le reflet de la lune). Argentum vient du grec Argyros.

Les techniques évoluent au 19ème siècle :
-    galvanoplastie : procédé électrochimique de dorure, argenture, etc., mis au point par Henri Bouilhet (1 ), vers 1870. Il permet d'imprimer des tissus.
-    en 1875, pantographie voltaïque, procédé de reproduction électrique utilisant un pantographe, ou parallélogramme articulé.
-    en 1881, guillochage électromagnétique. On dessine en réserve sur un cylindre en cuivre. Le report se fait par gravure électrique, avec une pointe de platine.
-    on réalise aussi des empreintes de feuilles ou des moulages d'animaux.

Qualité de l'argent :

Très malléable. 1 Gramme peut être étiré en 2600 m de fil ou aplani en une feuille de 1/500 mm.

Méthode de travail :

Le dinandier travaille l'étain à froid ou le cuivre à froid.
L'orfèvre travaille les autres métaux, au feu, pour les ramollir ou les détendre. Le métal est martelé ou déformé à une température de plus en plus basse et on le "recuit" fréquemment, pour réordonner sa structure.

Techniques :

La rétreinte :
Le Planeur martèle le métal à l'aide d'un maillet, contre un étau ou "bigorne", par passes successives, entrecoupées de recuissons. Pour fabriquer un plateau, par exemple, on soudait un liseré ou bâte, pour le rigidifier. Puis le fond était formé, au marteau. Ou bien, le plateau était passé sous presse, et on soudait, après, la bâte.

Le Repousseur force le métal sur un tour horizontal, à l'aide de "cuillers" ou "planes" en acier, autour d'un moule ou "mandrin", en buis. Le mandrin est "brisé", c'est à dire décomposé en éléments détachables, pour toute forme de vase ventru ayant un col étroit (il faut sortir le moule de la pièce !). Le repousseur "couche" le métal par passes successives, entrecoupées de recuissons.

 

Comment fabriquer un couvert ?

1.  Forger une baguette en métal, de section rectangulaire, à l'emporte-pièce ou au laminoir,
2.  Frapper au balancier, pour forcer le métal dans un moule,
3.  Ebarber, c'est à dire enlever les irrégularités, à la fraise,
4.  Ragréer les défauts,
5.  Reboutroller les cuillerons (partie creuse de la cuiller),
6.  Polir à l'aide d'abrasifs, à la meule, puis de cuir de buffle, puis, de plus en plus fin, à l'aide de tampico,
7.  Avivage au tampon de flanelle, pour donner de l'éclat,
8.  Dépôt d'argent à l'électrolyse (la plaque d'argent est l'anode, le couvert à argenter est la cathode, tous deux immergés dans un bain de sels d'argent), ou d'or (anode en platine et bain de sels d'or), puis dégraissage à la potasse ; ou brunissage à l'hématite, pour donner un coloris chaud et brillant.

 

Comment appliquer le décor ?

Le décor peut être gravé, ciselé, imprimé ou rapporté :
     - les éléments rapportés (par soudure) sont fondus au sable (dans un moule en sable), ou "à la cire perdue". La pièce à reproduire est moulée dans une gangue d'argile. On donne sa forme à un second moule, de cire, sur lequel est enveloppée une matrice résistant à la chaleur d'un métal en fusion. Le métal est coulé et fond le moule de cire (perdue), en prenant sa place.
     - on grave à la main ou mécaniquement avec un tour à guilloche, s'il s'agit d'un décor géométrique (lignes symétriques, concentriques, etc.). Le Graveur incise le métal, tandis que le Ciseleur repousse le métal.
     - estampage : on imprime le décor d'une matrice en acier, sur la pièce creuse (manche de couteau par exemple) par emboutissage au mouton (percussion) ou à la presse (pression).
     - assemblage : les éléments sont décapés au borax, attachés à l'aide de pinces, chauffés au chalumeau (vers 850°), pour faire fondre le produit de soudure (argent, zinc, cuivre). Quand la pièce est refroidie, on la trempe dans de l'acide sulfurique (dérochage ou décapage), pour être décapée.

Pierre-Yves Landouer, Novembre 1995

    

 

1 -  Henri Bouilhet était diplômé des Arts et Manufactures. Il était le neveu de Charles Christofle, qui fut l'orfèvre de Louis-Philippe, à partir de 1846.