Afrique : Musée Dapper

Soumis par pierre-yves le mar, 06/04/2010 - 19:18

La magie, pour les Africains, est un ensemble de rituels et de connaissances qui relient les hommes aux forces surnaturelles et invisibles (nkisi).
La magie permet de maintenir ou de rétablir l'équilibre de ces forces, pour éviter les catastrophes ou les maladies physiques ou mentales. Les moyens utilisés sont des invocations et des manipulations autour d'objets sacrés, par exemple de statues représentant le dieu ou la force ou la personne qui doit porter le message. Les statues sont en bois, mais leur habillage ou leur décoration relève de la magie : une coiffe de plumes ou en forme de corne, une cape de fibre ou de peau, un clou planté apportent une charge magique que seul le devin sait doser et apprécier. Elles sont souvent enduites de boue, d'excréments ou de sang au cours du rituel d'invocation.

Chez les Baoulé, en Côte d'Ivoire, par exemple, le devin verse sur la statuette du sang d'animal sacrifié, pendant les rituels. C'est pourquoi la statue de l'esprit asiè usu tient une coupe. Ou bien, le devin attache à la statuette un sachet de terre amalgamée à de la résine, autour du ventre, à la hauteur du nombril. La décoration se termine par un cauri ou un miroir.

Pour sceller une affaire concernant la communauté, un pacte, une alliance, on plante un clou dans les statues nkonde. Chez les Kongo, par exemple, c'est une statue de chien qui sert à sceller les grandes décisions, car les Kongo voient dans le chien un intermédiaire entre les hommes et les dieux. Grâce à son odorat développé, il peut sentir et éviter les pièges et les dangers.

 

Chez les Yoruba, au Nigeria, le devin, babalawo, s'adresse au dieu Ifa et aux dieux orisha, en tenant un bâton cérémonial, l'oshe shango, le quel est en métal, et décoré au sommet d'animaux (oiseaux, coqs). Il utilise un plateau en bois sur la quel il frappe, pour apaiser les dieux,  avec un marteau en ivoire, iroke ifa (en forme de singe ou de femme).

Chez les Bambara du Mali, le rituel do préside aux cérémonies du mariage et de fécondité. Les statues féminines ont des seins énormes. Les Zande, du Mali encore, veillent sur des statuettes yande enduites de substances végétales. Ils accrochent des anneaux (notamment des boucles d'oreilles) pour renforcer les pouvoirs magiques.

Pierre-Yves Landouer, le 12 février 1997