Les Francs

Soumis par pierre-yves le mar, 06/04/2010 - 12:45

Au 3è siècle, l'empire romain est devenu trop vaste et ingérable. De l'intérieur il se délite, sous la pression de la religion chrétienne, née en Palestine. Le baptême de Constantin officialise la religion chrétienne, et met fin aux martyres des chrétiens. Les peuples voisins vont être progressivement christianisés, en passant, pour certains par l'arianisme (de Arius, prêtre d'Alexandrie, qui conteste le dieu unique). 

A la fin du 4è siècle, l'empire romain éclate en deux empires de l'Orient et de l'Occident. C'est ce dernier qui subit la pression des migrations. Tout à l'Est, les Huns, originaires de Mandchourie, commencent une longue migration vers l'Ouest, qui va pousser, devant eux, les peuples. Ce sont des cavaliers émérites et de redoutables chasseurs. Ils finissent par se sédentariser en Hongrie mais vont jusqu'à attaquer Rome (Alaric, en 451). Pour les Romains, tous les peuples, au delà des frontières (limes), sont des Barbares. Ce mot vient d'un mot grec qui signifie "bla-bla", et désigne ceux qui ne parlent pas le grec. L'Empire romain est soumis à la pression de ces peuples. Deux statuts leur sont offerts :

  • colon romain : l'immigré individuel effectue le service militaire, et reçoit, à la fin de cette période, un pécule ou un terrain à exploiter,
  • fédéré, lorsque les immigrés arrivent en nombre.

L'Europe de l'Ouest comprend à cette époque :

  • au niveau de l'actuelle Belgique et jusqu'à Reims, le royaume des Francs,
  • au niveau du bassin parisien, entre la Somme et la Loire, les restes de l'empire romain, dirigés par les maîtres de la milice ; le dernier, Syagrius, est vaincu par Clovis, à Soissons, en 486 ;
  • au niveau du Jura, le royaume des Burgondes, créé en 443 (avec l'accord du Romain Aetius) ; ils venaient de la région de Worms ; capitales : Genève et Lyon ;
  • en Aquitaine, le royaume des Wisigoths, créé en 412, avec l'accord d'Honorius. Ils venaient de la Mer noire, où ils ont été christianisés (arianisés) en 356, et chassés par les Huns.

Les Francs sont des tribus, dont celle des Francs saliens. Ils s'organisent autour d'un roi, Clodion, en 430. Puis vient Mérovée, d'où descendent les Mérovingiens. L'un d'eux, Childéric, meurt en 481. Il a vécu du temps de saint Germain, qu'il a rencontré, et traité avec Odoacre, qui a déposé le dernier empereur romain, en 476. Son enterrement, à Tournai, fut la dernière grande cérémonie funéraire.

Le fils de Childéric, Clovis, âgé de 15 ans, lui succède. Il épouse Clotilde, princesse catholique (et burgonde), qui s'efforce de le convertir au catholicisme C'est là qu'intervient la bataille de Tolbiac. Au moment où l'affaire tourne mal, Clovis invoque, faute de mieux, le dieu des chrétiens. Miracle ! La bataille tourne à son avantage. Il a promis de se convertir. Mais, il n'a pas dit quand. C'est d'abord son fils qui est baptisé, mais le pauvre ne vit guère. Mauvais signe. L'évêque de Reims, Rémi, finit par persuader Clovis de se convertir. 50 ans plus tard, Grégoire de Tours raconte le baptême en grande pompe. C'est le début d'une France chrétienne. Clovis organise le royaume. Il s'attaque d'abord aux  Alamans (506), puis aux Wisigoths (Vouillé, près de Poitiers, 507)

En 508, il fixe sa capitale à Paris, qui n'est encore qu'une cité romaine, établie sur l'île de la Cité, et la rive gauche de la Seine ("quartier latin"), au pied de la Montagne Sainte Geneviève. Les rois se font inhumer d'abord sur cette colline (église des saints apôtres, construite sur le tombeau de sainte Geneviève, morte en 502), puis à l'église Sainte Croix (devenue Saint-Germain des Prés), construite par Childebert (en 558), puis à Saint-Denis, plus au nord (construite par Dagobert en 639).

Le royaume ne cesse de s'agrandir : en 534, le fils de Clovis, Clotaire, épouse la princesse Radégonde, et il annexe la Thuringie.

Mais depuis 511, le royaume est menacé. Les rois meurent trop jeunes. Les rois enfants sont qualifiés de "paresseux". En attendant leur majorité, les veuves pourraient assurer la régence, mais les maires du royaume (Pépin le bref, Charles Martel) les écartent, par exemple en les expédiant au couvent. L'une de veuves, Frédégonde, réussit à prendre le pouvoir, tandis que sa belle sœur complote pour favoriser son mari. Frédégonde la fait assassiner. Même un successeur, le dernier mérovingien, Childéric III, est envoyé au monastère, dès son adolescence.
 
Le monachisme se développe. Ce mouvement est né au Moyen-Orient. Il ne concerne au début que des ermites isolés et indépendants. Peu à peu, ils se regroupent, mais ce ne sont pas encore des congrégations. Le moine irlandais saint Colomban (540-615) institue des règles, très strictes, et les monastères se multiplient. Les règles seront assouplies par saint Benoît, qui réduit les privations et prône davantage de travaux communs (agriculture). Les premiers monastères sont ceux de Ligugé, près de Poitiers, de Saint-Martin,  sur la Loire, de Saint-Honorat, sur l'île de Lérins, en face de Cannes, de Saint Cassien, près de Marseille, et de Chelles, en région parisienne (fondé par Bathilde, veuve de Clovis II, elle-même décédée en 657). 

 

L'exposition montre des objets trouvés dans les tombes. Les Germains se faisaient incinérer (on voit des urnes en terre cuite). Mais, les Francs, influencés par les Gaulois, se font inhumer. Les tombes romaines étaient orientées nord-sud, les tombes chrétiennes sont est-ouest. Les morts sont enterrés avec leurs plus beaux atours, et leurs armes. Peu de tissus ont subsisté, et pas de boiseries (les boucliers). mais les métaux ont traversé le temps. On a donc retrouvé des fibules (gros bouton décoré, servant à fermer une robe ou un manteau), des aiguilles (fixation de robe), des morceaux de bouclier (umbo, qui est la coupelle de protection du bouclier, manipule, rivets), des forces (ciseaux en un seul tenant), des lames de francisques (haches de jet), des éléments de scramaxes (couteau-poignard à un seul tranchant), des boucles de ceinturons. Les plus beaux ouvrages sont décorés :

  • cloisonnement (incrustation de pierres semi précieuses, comme le grenat, ou de verre de couleur) ; c'est une influence orientale (des Huns),
  • pierre à gâte (la pierre est dans un boîtier, qui est lui-même soudé),
  • damasquinage (or sur argent ou l'inverse, pour faire ressortir l'un par rapport à l'autre) ; c'est une technique d'origine ancienne (Egypte, Grèce, Rome).

Pierre-Yves Landouer, juin 1997, Petit Palais